Se lever souvent en classe, bouger sans arrêt ou paraître dans la lune… Ces comportements, souvent jugés négativement, peuvent en réalité refléter les besoins spécifiques d’un enfant avec TDAH. Pour lui, le mouvement n’est pas une distraction, mais un véritable levier d’apprentissage.
Et si certains enfants avaient réellement besoin de bouger pour apprendre ? Chez les élèves atteints de TDAH, l’agitation n’est pas un caprice, mais une réponse naturelle à un trouble de l’attention.
Dans cet article, découvrons pourquoi le besoin de bouger peut être un atout pour l’apprentissage des enfants TDAH, et comment les soutenir au quotidien avec bienveillance, compréhension… et efficacité.
1. TDAH chez l’enfant : pourquoi le besoin de bouger est essentiel à l’apprentissage
Dans la cour ou en classe, les comportements des enfants avec TDAH sont souvent jugés à travers le prisme de la discipline ou de la motivation. Un élève qui interrompt, oublie ses affaires ou semble « dans la lune » peut rapidement être perçu comme inattentif… voire mal élevé.
Pourtant, derrière ces comportements se cache un trouble neurodéveloppemental encore trop méconnu dans le monde scolaire. Comprendre ce qu’est réellement le TDAH, c’est déjà faire un pas vers un accompagnement plus juste et plus efficace.
1.1. Signes du TDAH chez l’enfant et lien avec le mouvement
Le TDAH est un trouble fréquent. En effet, il touche environ 5 % des enfants. Il se manifeste par :
- une inattention marquée (oublis, distractions fréquentes)
- une impulsivité (réponses précipitées, difficultés à attendre son tour)
- une agitation motrice (besoin constant de bouger)
Autrement dit, il ne s’agit ni d’un caprice ni d’un manque d’éducation. En réalité, le TDAH est un fonctionnement cérébral spécifique, souvent invisible et pourtant bien réel.
1.2. Comment un enfant avec TDAH vit son besoin de bouger en classe
- Difficile de rester assis longtemps : l’agitation n’est pas volontaire, elle résulte souvent d’un besoin de régulation interne.
- Distractibilité constante : les bruits, les mouvements, même les pensées peuvent interrompre l’attention.
- Estime de soi fragilisée : les remarques répétées (“Concentre-toi !”, “Arrête de bouger !”) peuvent générer une profonde mésestime.
Comprendre pourquoi un enfant TDAH a besoin de bouger pour apprendre change tout.
1.3. Le rôle clé du diagnostic dans la prise en charge du TDAH enfant
Reconnaître les signes, c’est offrir une chance à l’enfant d’être compris.
- Repérer les symptômes dès le plus jeune âge permet une prise en charge précoce.
- Regard bienveillant : plutôt que de voir un élève difficile, voyons un enfant en difficulté.
- Co-occurrence fréquente avec les troubles DYS, les troubles anxieux, ou les TSA, ce qui complexifie le tableau.
2. Bouger pour mieux apprendre : réalité prouvée par les neurosciences
On a longtemps cru que la concentration passait par le calme, l’immobilité et le silence. Mais pour un enfant avec TDAH, rester assis sans bouger peut au contraire devenir un obstacle à l’apprentissage.
Et si, loin d’être un simple besoin de se défouler, le mouvement jouait un rôle clé dans la régulation de l’attention ? Grâce aux avancées en neurosciences, on comprend de mieux en mieux pourquoi certains enfants ont besoin de bouger… pour rester connectés à ce qui se passe en classe.
2.1. Ce que les neurosciences nous apprennent sur le TDAH et l’activité physique
- Le mouvement stimule des neurotransmetteurs essentiels comme la dopamine et la noradrénaline, déficients chez les personnes avec TDAH.
- L’activité physique améliore les fonctions exécutives (mémoire de travail, flexibilité cognitive, inhibition).
- Les pauses actives et les tâches motrices améliorent la concentration et la disponibilité cognitive.
2.2. Pourquoi l’immobilité entrave l’apprentissage des enfants TDAH
On imagine encore que pour bien apprendre, il faut être assis, immobile, silencieux. Mais pour un enfant TDAH, cette posture “idéale” peut devenir un vrai supplice.
Le mouvement est un outil de régulation, pas un signe d’opposition. C’est pourquoi, apprendre tout en bougeant est parfois essentiel pour un enfant atteint de TDAH.
Bouger ≠ être désobéissant : l’enfant ne cherche pas à déranger, il cherche à se stabiliser.
2.3. Témoignage inspirant d’un enseignant sur l’impact du mouvement chez ses élèves TDAH
“Quand j’ai autorisé certains élèves à se lever discrètement ou utiliser des balles anti-stress, leur concentration a augmenté de manière flagrante.”
— Enseignant en ULIS, école primaire
Ce témoignage illustre un changement de regard essentiel. Pendant longtemps, l’enseignant pensait que laisser un enfant se lever en pleine leçon risquait de perturber le groupe. Mais après avoir observé les difficultés d’un élève TDAH à rester attentif malgré tous ses efforts, il a décidé d’expérimenter des adaptations simples :
- autoriser les déplacements calmes à l’arrière de la classe,
- proposer des outils de manipulation discrets,
- ou aménager un coin de régulation sensorielle.
Les résultats ne se sont pas fait attendre : ces petits ajustements ont permis aux élèves concernés de mieux gérer leur agitation intérieure, de participer plus activement, et surtout… de retrouver confiance en leurs capacités d’apprentissage.
Ce type d’expérience montre que l’inclusion ne passe pas toujours par des moyens lourds : elle commence par un regard bienveillant et une posture d’observation ouverte.
3. Stratégies efficaces pour aider un enfant TDAH à apprendre en bougeant
Accompagner un enfant avec TDAH, c’est souvent chercher des solutions concrètes au quotidien pour apaiser, canaliser, structurer. Entre exigences scolaires, devoirs à la maison et gestion des émotions, les défis sont nombreux… mais pas insurmontables.
Heureusement, de simples ajustements dans l’environnement ou dans la manière de proposer les activités peuvent faire une grande différence. Que vous soyez parent, enseignant ou AESH, voici des pistes testées et approuvées pour favoriser la concentration, l’autonomie et le bien-être de l’enfant — sans le forcer à rentrer dans un moule qui n’est pas le sien.
Favoriser le fait de bouger en classe permet souvent à l’enfant TDAH de mieux apprendre et de gagner en confiance. Ainsi, ces petits ajustements peuvent faire une grande différence.
3.1. Adaptations en classe pour favoriser le mouvement des élèves TDAH
Adapter l’environnement scolaire aux besoins d’un élève TDAH ne signifie pas tout chambouler. En effet, il s’agit avant tout d’offrir un cadre plus souple, qui respecte le besoin de mouvement, réduit les sources de distraction, et soutient les fonctions exécutives. Voici quelques aménagements concrets, faciles à mettre en place :
- Chaises dynamiques, ballons ou coussins à air : Ces outils permettent à l’enfant de bouger sans se lever ni déranger la classe. En activant les muscles posturaux, ils facilitent la concentration en canalisant l’énergie motrice. Ce type de matériel peut être très utile lors des temps d’écriture ou de lecture silencieuse.
- Postes de travail flexibles : Pouvoir travailler debout, à genoux ou même allongé sur un tapis peut aider certains élèves à se sentir plus à l’aise et donc plus attentifs. Proposer différentes postures favorise l’engagement et réduit l’agitation liée à l’inconfort. Cela peut s’accompagner d’un espace calme à l’écart ou d’un “coin concentration”.
- Pause motrice toutes les 20 minutes : Le cerveau a besoin de pauses pour maintenir un bon niveau d’attention. Pour les élèves avec TDAH, ces pauses sont encore plus cruciales. Il peut s’agir de quelques étirements, d’un aller-retour dans le couloir, d’un exercice de respiration ou d’un petit jeu moteur collectif. Mieux vaut une pause bien cadrée qu’un comportement perturbateur non anticipé.
- Consignes multi-modales : écrites, orales, visuelles : Les enfants TDAH peuvent avoir des difficultés à mémoriser des consignes entendues une seule fois. Les associer à un support visuel (pictogramme, dessin au tableau, vidéo courte) ou à un geste permet de mieux les ancrer. L’idéal : donner une consigne courte, claire, en plusieurs formats… et vérifier la compréhension individuellement.
3.2. Astuces à la maison pour soutenir l’apprentissage d’un enfant TDAH
À la maison, les devoirs peuvent vite devenir un moment de tension pour un enfant avec TDAH… et pour ses parents ! Pourtant, avec quelques aménagements simples, il est possible de transformer ce temps en un moment plus efficace — voire agréable. L’objectif : réduire les sources de surcharge cognitive et permettre à l’enfant de mobiliser ses ressources à son rythme.
- Lecture à voix haute tout en marchant : Certains enfants se concentrent bien mieux lorsqu’ils peuvent associer le mouvement à l’apprentissage. Par exemple, lire en marchant dans le salon, réciter une poésie en sautillant ou faire des calculs en tapant dans un ballon peut sembler contre-intuitif, mais cela active l’attention tout en réduisant la frustration. C’est une stratégie d’activation cognitive très bénéfique.
- Fractionner les devoirs en étapes courtes et visuelles : Un long devoir peut décourager l’enfant avant même d’avoir commencé. Découper la tâche en petites étapes claires, avec une checklist visuelle ou un timer, rend l’effort plus accessible. Par exemple :
- Lire l’énoncé
- Souligner les mots-clés
- Répondre à la première question
- Cocher la case “fait”
Cela donne des repères concrets et un sentiment de progression.
- Autoriser l’enfant à bouger en travaillant : Imposer la posture assise stricte n’a pas de sens pour un enfant TDAH. En effet, s’il travaille mieux debout au comptoir, à genoux sur le canapé ou même allongé sur un tapis, cela ne nuit pas à l’apprentissage — au contraire. L’important est qu’il reste engagé dans la tâche, pas immobile à tout prix.
- Réduire les distracteurs : Télé allumée, notifications, bruits ambiants, objets colorés sur la table… Tous ces éléments détournent rapidement l’attention. Par conséquent, créer un coin devoirs simple, épuré, avec des outils à portée de main, aide l’enfant à rester concentré. De plus, une minuterie visuelle peut aussi donner un cadre temporel rassurant sans créer de stress.
Mieux accueillir, c’est mieux accompagner
Un enfant avec TDAH ne cherche pas à provoquer ni à troubler la classe. Il tente simplement de s’adapter à un environnement qui ne tient pas toujours compte de son fonctionnement cérébral. Ce qui peut sembler être de la distraction, de l’agitation ou un manque de volonté est souvent une manière, pour lui, de rester connecté à la tâche.
Changer de regard permet de faire la différence : au lieu de juger le comportement, on peut chercher ce qu’il révèle. En prenant en compte ses besoins spécifiques — besoin de mouvement, de repères visuels, de pauses régulières — on peut ajuster les attentes et créer un cadre plus favorable à son engagement.
Lorsqu’un élève se sent légitime dans sa façon d’apprendre, il regagne confiance en lui, développe sa motivation et retrouve le goût d’essayer. Ce n’est pas une question de faire moins ou de faciliter à tout prix, mais d’ouvrir un chemin possible vers la réussite scolaire… et personnelle.
Le mouvement aide l’enfant TDAH à canaliser son énergie et à apprendre efficacement.
Pour conclure, offrir des appuis adaptés, c’est lui donner une vraie chance de se révéler.
FAQ – TDAH et apprentissage

1. Est-ce que bouger empêche vraiment de se concentrer ?
Pas toujours. Pour de nombreux enfants avec TDAH, le mouvement est un moyen de réguler leur attention. Se balancer, manipuler un objet ou changer de posture peut les aider à rester connectés à la tâche. Ce n’est pas un caprice : leur cerveau a besoin d’une stimulation motrice pour mieux fonctionner.
2. Mon enfant a du mal à rester assis, dois-je m’inquiéter ?
Pas nécessairement. Si ce comportement est fréquent, persiste dans plusieurs contextes (école, maison, activités extrascolaires) et gêne son quotidien, il peut être utile de consulter un professionnel pour un bilan.
Le TDAH est un trouble neurodéveloppemental fréquent, qui se manifeste souvent par une agitation motrice difficile à inhiber.
3. Le TDAH disparaît-il en grandissant ?
Les manifestations peuvent évoluer avec l’âge : l’hyperactivité motrice visible diminue souvent, mais les difficultés d’attention ou d’organisation peuvent persister à l’âge adulte.
Le TDAH est un trouble durable dans environ deux tiers des cas. Avec un bon accompagnement, les personnes concernées développent des stratégies d’adaptation efficaces tout au long de la vie.
Les stratégies
4. Quelles stratégies les enseignants peuvent-ils mettre en place sans perturber la classe ?
De nombreux aménagements sont simples à mettre en œuvre :
- proposer des pauses motrices courtes,
- permettre des postures de travail variées,
- utiliser des outils comme des balles anti-stress ou des chaises dynamiques,
- renforcer les consignes par des supports visuels.
Ces ajustements bénéficient souvent à tous les élèves, pas seulement à ceux avec un TDAH.
5. Est-ce que ces adaptations sont une forme d’injustice pour les autres élèves ?
Non, elles répondent à un principe d’équité, pas de favoritisme. Un élève TDAH n’a pas besoin de plus, mais de différemment pour pouvoir accéder aux apprentissages dans des conditions justes.
C’est comparable à des lunettes pour un enfant malvoyant : ce n’est pas un avantage, c’est une aide essentielle.