1. Mon récit et mes expériences
D’un père contremaître et d’une mère brodeuse à domicile, je suis née en France, dans une famille ouvrière de la région des Mauges, dans le Maine et Loire. Ma soeur aînée, qui fut brillante dans ses études, me dit encore aujourd’hui qu’elle garde de mauvais souvenirs de mes mauvaises notes car toute la famille en pâtissait.
On me faisait faire des dictées et des problèmes de mathématiques simples, mais rien n’y faisait, les larmes coulaient sur mes joues. J’avais mal ! J’aurais donné n’importe quoi pour ne pas me réveiller les matins de dictées. C’était l’enfer du zéro à répétition, et pourtant j’aimais écrire des poèmes ou de petites histoires que j’inventais. Les enseignants me disaient souvent que le contenu des devoirs était bon, mais que l’orthographe était déplorable. Résultat, je perdais des points dans toutes les matières.
J’avais mis en place des stratagèmes comme «l’art du camouflage». Je transformais mon écriture pour éviter que l’on s’aperçoive de mon hésitation : ce mot devait-il prendre deux «m» ou seulement un ?
En 1968, j’allais en consultation chez une orthophoniste avec d’autres enfants ; aujourd’hui encore, je garde de ces séances un goût amer.
Au fil des années de scolarité, la souffrance n’a fait que s’accentuer. Je suis rapidement tombée dans ce que l’on appelle le «syndrome de la nullité». Nullité qui veut dire «rien» et qui veut dire «zéro» ! Tous les efforts que je pouvais réaliser ne payaient pas. Ce fut une longue période de découragement voire d’abandon total.
Une question me hantait : «Suis-je normale ?». On m’avait, dès le Cours Préparatoire, collé l’étiquette de «dyslexique» sur le dos. Je n’étais donc pas comme les autres ! Que voulait dire ce mot barbare ? Je ne l’ai découvert vraiment qu’à l’âge de 36 ans. Non ! Je ne souffrais pas d’une dyslexie mais d’une dysorthographie sévère. Les erreurs sont identiques mais les causes différentes…
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